mercredi 18 février 2009

Sur la perte et le devenir

Comme le dit si bien le titre de mon blogue, je suis à la recherche d'un "devenir" assez particulier. Et depuis quelques semaines, cette recherche se définit petit à petit en une découverte majeure de ce que je crois pouvoir appeler les Bottes du Deuil.

Explications. Ça fait plus d'un an que Julie, qui possède encore mon coeur, est décédée. Et ça fait plus d'un an que je tente de régir les forces qui m'habitent et qui m'ont assailli dans ce détour de ma vie totalement inattendu. Depuis, je cours. Depuis, je ne veux pas regarder le chemin que j'ai parcouru et je fonce les yeux fermés dans une apathie trop tentante pour être confortable. Je ne peux plus m'arrêter, car je me suis chaussé de ces bottes qui font qu'on ne peut plus s'arrêter de fuir.

Elles m'ont conduit hors de mon travail, dans une déprime insurmontable, elles m'ont conduit à Chicoutimi, où je croyais me ressourcer, mais où je ne faisais que fuir le moment présent et m'affaiblir physiquement, pour ne plus percevoir une douleur psychique qui m'a fracturé. Automne 2008, de retour à Montréal, je fuis encore, avec ces Bottes maudites, toujours à m'affaiblir et ne pas voir la réalité en face: JE DOIS FAIRE QUELQUE CHOSE.

Avant de me rendre à la rupture psychique totale, j'ai décidé de m'inscrire à un cours. Un cours qui me permettrait de développer mon côté artistique et ma... connaissance rapide? des ordinateurs. Un cours en animation 3D est ce qu'il me faut. Ça fait des années que ça me saute dans la face et que je ne le vois pas. Ça fait depuis la tendre enfance que je dessine et crée des personnages, des mondes, des univers, et pas seulement en dessins, mais en poèmes et en récits. Il est temps de concrétiser le tout. Il est temps d'ôter ces bottes de fuite (faites de laiton et de plomb) et de mettre quelque chose de plus confortable à mes pieds. Des pantoufles, des espadrilles, n'importe quoi.

Moi qui croyais la fuite terminée quand je suis revenu ici, tel n'était pas le cas. Je me suis perdu dans l'oubli de mon Être, brûlant mon corps à ne plus être capable de marcher plus de 5 minutes sans qu'elles ne lâchent sous mon poids. Ma condition actuelle n'est pas au meilleur de sa forme et j'ai l'impression qu'en tentant de l'améliorer, je casse des morceaux, ne sachant plus trop comment m'y prendre pour vivre. Alors je prends des pilules pour moins stresser et mieux dormir, je prends des pilules pour mes maux de dos qui coince à chaque faux mouvement, d'autres pour mes migraines et en regardant ça, j'ai l'impression d'avoir 90 ans.

Je rumine tout ça depuis quelques temps et ça me stresse. Ça me stresse parce que je manque des journées de travail, ça me stresse parce que je garde tout en dedans, ça me stresse parce que je ne sais plus trop où j'en suis, malgré les exercices physique, la massothérapie, la tentative de bien manger (pas très fructueuse, celle-là) et mon choix de retourner à l'école en septembre.

La mort de Julie est encore un fardeau que je porte. Je l'aime encore, je l'aimerai toujours. Je pense à elle tous les jours. Parfois ça me fait fondre en pleurs, d'autres fois, je suis juste trop dépassé pour avoir une quelconque réaction.

Je suis lent à voir venir, comme gelé par des glaces vieilles de millions d'années. Dans cette croûte, je perçois des choses que je peux comprendre, mais ne peut atteindre. Celles que j'attrape sont un casse-tête de plus. Pourquoi ne pas simplement sortir le chalumeau et tout faire fondre, histoire de voir ce qu'il se passera?

En attendant, je cours encore, comme un buisson sans tête, sans flamme et sans voix. Les yeux ouverts, je regarde Luc évoluer dans son bocal et je lui donne des pistes en souffles de vent, histoire de voir comment il réagira...

2 commentaires:

Christine a dit…

Ça fait du bien de te lire. Parce que c'est vrai que tu ne parles pas beaucoup. Et parce que c'est pas évident de deviner ou comprendre ce qu'il se passe dans ta tête. Parce que parfois, j'ai peur d'être déplacée ou trop envahissante lorsque je te questionne.

Je pense que tu te diriges vers une avenue fort prometteuse qui te permettra de mettre en valeur tes nombreux talents (Je parle comme un prof.!)Non mais, t'as quand même trouvé quelque chose que tu as envie de faire. Un but.

Puis pour le reste, le chalumeau est peut-être un peu excessif! Installe-toi tout simplement au soleil et laisse ça aller.

Je t'aime
XXX

Anonyme a dit…

Je t'aime, petit frère.

Ça me manque de t'entendre parler avec tant de passion de tes découvertes littéraires et musicales. Ça me manque de te sentir dans mes bras pour t'embrasser comme deux frères seul peuvent le faire.

Et ça me chagrine que notre isolement mutuel (et la distance) nous ait tant éloignés.

J'espère que la vie nous donnera l'occasion de nous reprendre. Mais en attendant, sache que je pense très fort à toi, 'ti frère adoré. XXXX