mercredi 17 mars 2010

L'ÈRE DE LA NÉCROPHILIE

Eh oui, vous avez bien lu, nous sommes rendu dans l'ère de la nécrophilie, où les jeunes ne lisent que des livres de vampires, les un peu plus vieux des guides de survie contre les zombies et les encore plus vieux lisent des livres sur les morts qui essaient de nous communiquer avec nous.

La mort qui reprend vie.  Quelle est cette fascination morbide pour la chair pourrie vivante?  Le phénomène n'est plus underground: Grâce à Stephenie Meyer et ses livres fast food de Twilight, la mort-vivance devient un phénomène commercial!

Pourquoi?  Depuis quelques années, la vague augmente sans vouloir diminuer.  Ce qu'on vend en librairie est devenu à 50% de la littérature de morts-vivants.  "Twilight", "le Journal d'un vampire", "True Blood", les "Vampires de Manhattan", "Zombie Survival Guide", "Zombie Wars", "Marvel Zombies", "Les morts nous donnent signe de vie", "Que fait-on et et où va-t-on après la mort", et j'en passe!!!  Les années 70 ont vu monté l'intérêt, les années 2000 en ont fait une obsession commerciale!  Et je ne parle que des livres sans leurs produits dérivés (parce que la moitié de ces livres ont été adaptés au cinéma et plein de bebelles sont vendues à leur effigie...).

J'ai l'impression que la peur de mourir se manifeste par cette obsession, une peur grandissante provoquée: 1) par le bogue de l'an 2000 qui a foiré, 2) les "prophéties" mayas qui annonent la "fin du monde" en 2012 parce que leur calendrier s'arrêtait à cette date (personne n'a pensé, bien sûr, qu'ils devaient bien s'en câlisser et se dire qu'ils allaient de toute façon être déjà tous mort en 2012...), 3) les jeunes n'ont plus d'attache "spirituelle".  C'est bien beau ne plus croire en dieu, mais l'esprit doit se tourner vers autre chose, sinon il dépérit (comme un zombie).  On ne peut pas toujours baigner dans un matérialisme profond, ça affecte le cerveau, ça rend patate, ça fait stagner et ça finit par puer la pourriture.  Mais il y a moyen de vivre un athéisme sain que je ne parlerai pas dans cet article.  Allez lire Comte-Sponville et Onfray. :O)

Je vois cela comme le miroir d'une société en train de s'écrouler, mais qui ne veut pourtant pas restée enterrée.  Un peu comme l'empire romain se baignait dans les joutes d'arène et le vin vers la fin de son règne, nous nous baignons dans le sang des autres, nous faisons des bébés avec des morts.  C'est que les êtres vivants ne sont plus assez intéressant pour nous, il semblerait...

Bref, si vous êtes témoins d'autres phénomènes semblables reliés à la mort, vous pouvez m'en faire part et on pourra le rajouter à la liste nécrophile de la société actuelle.  Je l'ai observé surtout parce que je suis libraire et qu'on voit sans cesse passer ce genre de livres.  De toute façon, je n'ai pas été très exhaustif dans mon article, je voulais simplement soulever le sujet.

Je vous laisse, je retourne travailler avec mes morts-vivants.

3 commentaires:

Fel-X a dit…

J'avais lu sur l'éminent site cracked.com un article qui justement parlait de cette fascination morbide, surtout pour les vampires. Et ils disaient que ce qui nous attirait, c'était ce questionnement sur l'éternité qui est toujours présent dans les trames d'histoires de vampire.

Que ferions-nous si nous étions éternel ? Est-ce que nous finirions par nous ennuyer et nous laisser mourir, devenir complètement décadents, désabusés et immoraux ?

Et que dire de voir la mort de tous ceux qui nous entourent, des dizaines, des centaines de fois... et cet éternel balancement entre la moralité et la soif alors alors que nous devons tuer un être pensant ?

Parce qu'habituellement, les récits de vampires les plus intéressants, sont ceux où le vampire a une âme. Tsé, les monstres sans foi ni loi sont plutôt ennuyants à la longue, sauf pour le spectacle parfois distrayant de leur cruauté excessive.

Pour ce qui est des zombies, je dirais que c'est le monde "de survie" qui nous attire bien plus que le phénomène du zombie lui-même.

Ce qu'on veut savoir, c'est si on réussirait à s'en sortir et pour combien de temps. Tous le monde à une théorie sur quelle serait le meilleur plan pour ne pas mourir et le débat continue jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Il y a aussi l'idée de "tu ne peux pas t'en sortir indéfiniment", teintée d'un désespoir, de l'inéluctable qui vient chercher les pessimistes. Et celle d'un monde où tu peux faire tout ce que tu veux, sans le couvert des lois et d'une société restrictrice (qui vient plutôt attrapper les anarchistes).

Bref... c'eeeeeeest plate !

Christine a dit…

Je suis assez d'accord avec Félix et toi.

Quant à moi, ce ne sont pas les zombies qui m'attirent, mais plutôt tout ce qui entoure la mort et le fait qu'on doive vivre avec.

C'est plate, la mort, bien plus que les zombies.

Claude Pelletier a dit…

La mort n'a pas le côté sordide de la vie qui vient avec ses douleurs, ses peines, ses blessures, son absurdité intrinsèque. La mort est une délivrance.

Ce qui fascine tellement, je crois, c'est de pouvoir accéder à cette délivrance tout en continuant d'exister, d'où l'intérêt général pour les fables de vampires et autres bidules «morts-vivants». Voyons cela comme une sorte de névrose collective en réaction à l'inévitable disparition du «moi» lorsque cesse de battre le coeur.